La femme aux 7 maris
En ce temps-là, quelques
sadducéens - ceux qui soutiennent qu’il
n’y a pas de résurrection – s’approchèrent
de Jésus et l’interrogèrent:
"Maître, Moïse nous a donné cette loi: Si
un homme a un frère marié mais qui meurt sans enfant, qu’il épouse la veuve
pour donner une descendance à son frère.
Or, il y avait sept frères: le premier se maria et mourut
sans enfant; le deuxième, puis le troisième épousèrent la veuve, et ainsi tous
les sept: ils moururent sans laisser d’enfants. Finalement la femme mourut
aussi. Eh bien, à la résurrection, cette femme-là, duquel d’entre eux sera-t-elle l’épouse, puisque
les sept l’ont eue pour épouse?"
Jésus leur répondit : `` Les enfants de ce monde
prennent femme et mari. Mais ceux qui ont été jugés dignes d’avoir part au
monde à venir et à la résurrection d’entre les morts ne prennent ni femme ni
mari, car ils ne peuvent plus mourir : ils sont semblables aux anges, ils sont
enfants de Dieu et enfants de la résurrection.
L'espérance d'une vie transformée
Bien des gens s'interrogent aujourd'hui sur l'au-delà et se sentent
confus face à cette question. Notre vie s'achève-t-elle avec la mort?
Qu'arrive-t-il aux défunts? Que pouvons-nous espérer? Des réponses diverses
sont offertes sur la place, venant d'horizons différents : l'immortalité
de l'âme, le néant, la réincarnation, la fusion dans l'Énergie cosmique, etc.
Comme chrétiens, quelle est notre espérance? Suffit-il de croire en une survie,
quel qu'en soit le genre?
L'Évangile de ce
dimanche ne répond pas à toutes nos questions mais il nous rappelle des
éléments essentiels de notre espérance. Les Sadducéens (20, 27-28) ne croyaient
pas à la résurrection des morts : cette idée leur semblait trop nouvelle
et non fondée dans l'Écriture. Dans une controverse avec Jésus, ils lui
proposent, comme objection à la résurrection, le cas de la femme aux sept
maris. Cela nous permet de mieux voir les positions de Jésus. Comme les
Pharisiens, Jésus affirme la résurrection des morts. Sa conviction repose sur
l'Écriture et sur sa foi en la puissance de Dieu (20, 37-38). C’est là encore
aujourd'hui le coeur de l'espérance chrétienne : notre foi en la résurrection
est d'abord foi au Dieu d'Abraham, le Dieu des vivants, dont la puissance
d'Amour est si grande qu'il ne nous abandonnera pas à la mort. Et la suite de
l'Évangile (passion-résurrection de Jésus lui-même) nous annonce cette bonne
nouvelle.
Mais comment cela se
fera-t-il? Comment imaginer cette vie nouvelle? C'est à cette question que
Jésus répond dans les versets 34-36. Justement, ce sera du neuf, et non une vie
semblable à celle d'aujourd'hui, ou une simple réanimation de cadavres. Ce sera
autre chose, une condition nouvelle (ni femme, ni mari), une vie qui va durer
(comme les anges, nous serons immortels), une vie avec Dieu qui nous donnera en
héritage (fils de Dieu) sa vie elle-même. Ainsi, en ce texte, Luc nous dit
l'essentiel : la foi au Dieu des vivants et l'espérance d'une vie
transformée.
Le Nouveau Testament
n'abonde pas en détails pittoresques et excitants sur l'au-delà. La sobriété y
est plutôt de mise. Cela même est une invitation à ne pas nous perdre dans une
recherche anxieuse de précisions inaccessibles, ou dans les projections en
couleurs d'un imaginaire débridé. L'Évangile se vit dans l'aujourd'hui, thème
cher à Luc; et cet engagement trouve sa source dans une confiance profonde au
Dieu de Jésus, le Miséricordieux, qui promet une vie sans fin à tout notre
être, unique, au-delà de nos limites actuelles. Car ce Dieu n'est pas un
comptable impitoyable absorbé dans ses calculs de mérites et de karma, ni une
machine anonyme indifférente à la condition humaine, ni un Océan confus dans
lequel noyer nos identités.
Nous sommes
confrontés, ces temps-ci, à de multiples perspectives sur l'au-delà. Elles ne
sont pas toutes compatibles avec la foi au Dieu de Jésus, avec l'espérance de
la résurrection et avec la sobriété des perspectives bibliques. Quelle est
notre espérance ? Luc nous invite au discernement et à la confiance.
Questions
pour la réflexion :
Quelles
visions de l'au-delà circulent dans mon milieu? Comment j'y réagis?
Quelle
espérance m'habite? Sur quoi repose-t-elle?
Quelle
image exprimerait bien cette espérance?
Daniel
Cadrin, o.p.
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