lundi 13 janvier 2020

Le secret qui fait lever le jour


Tous les habitants d'un village cherchaient dans la nuit le secret qui fait lever le jour.
La nuit avait mis tout le village comme dans un grand sac noir.
Le Père Thouron, Huguette et Baptiste, l'épicière et le cordonnier,  le facteur et la marchande de journaux, tous, ils étaient en train de chercher.
Ils cherchaient le secret qui fait lever le jour. Ils cherchaient dehors, ils cherchaient dedans.
Toute la nuit, ils ont cherché, mais ils n'ont rien trouvé...

Au petit matin, des guerriers sont arrivés.
Ils portaient l'armure des chevaliers, leurs chevaux étaient noirs.
- Bonjour ! dit le Père Thouron,
- Bonjour ! disent les guerriers.
Le chef s'avance pour parler :
- Nous vous apportons la force, la puissance et la gloire... Vous serez les plus forts, tout le monde aura peur de vous, vous commanderez la mort et vous serez les maîtres du monde...
Tous les gens du village se regardent avec les yeux brillants.
Le Père Thouron demande :
- Dites-moi, dites-moi... comment s'appelle votre secret ?
- Il s'appelle la guerre, dit le chef des guerriers.
Alors, les gens du village ont regardé derrière les guerriers. Derrière eux, il y avait trop de blessés, trop d'affamés et de prisonniers.
Les gens du village disent :
- Non, messieurs les guerriers, allez votre chemin !

Plus tard, à la fin de la matinée, le clocher a sonné midi, mais il faisait encore plus nuit.
Alors sont arrivés tous les marchands, habillés de velours et de fourrure.
Les marchands disent : Nous vous apportons la richesse, vous ferez de grandes fêtes, vous serez tous riches.
Huguette demande :
- Dites-moi, dites-moi... comment s'appelle votre secret ?
- Il s'appelle l'argent, dit le patron des marchands.
Alors, les gens du village ont regardé derrière les marchands.
Derrière les marchands il y avait trop de pauvres, trop de chômeurs et de traîne-misère.
Les gens du village disent :
- Non ! Non ! Messieurs les marchands, passez votre chemin.

Le soir, la neige s'est mise à tomber. La nuit était plus noire encore.
Une carriole est arrivée dans le village.
Un homme la conduisait et tout contre lui, une dame était endormie sous son manteau.
C'est baptiste qui les a vus le premier :
- Bonjour, Messieurs-Dames !
La carriole s'est arrêtée, la dame s'est réveillée. La dame dit :
- Bonjour, Baptiste.
L'homme à la carriole dit :
- Nous arrivons d'ailleurs. Nous n'apportons ni la richesse, ni la puissance, ni l'argent, ni la gloire...
Baptiste demande :
- Dites-moi, dites-moi, comment s'appelle votre secret ?
- C'est un secret fragile, c'est mon petit enfant.
Elle montre le nouveau-né qui dort contre elle.
Et l'homme dit en le montrant :
- Voulez-vous nous prendre chez vous ?
Alors les gens du village ont regardé derrière eux. Derrière eux, il y avait tous ceux qui ont trouvé un abri, tous ceux qui ont trouvé des amis, tous ceux qui ne sont plus tristes ni seuls.
Et voilà que tous les gens du village se demandent ce qui leur arrive.
C'est comme s'ils avaient des yeux pour voir la nuit.
Tout le monde crie en même temps :
- Le voilà le secret que nous cherchions !
Venez chez nous ! Entrez chez nous ! Restez chez nous !
Et dans le village il faisait grand jour.


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