Elle l'emporta chez elle et la montra à sa mère.
- Je n'ai jamais vu cette sorte de clé, dit celle-ci. À qui peut-elle bien appartenir? Nous allons regarder chaque jour dans le journal au cas où quelqu'un la réclamerait.
Pendant un mois, Marie-Lou lut la rubrique « Objets perdus » dans le journal quotidien, mais ne trouva aucune mention de la clé.
Alors elle imagina toutes sortes de choses. C'était la clé d'un jardin enchanté, on de quelque mystérieux château. Il y avait dans le château un très beau prince. Bref, c'était une « clé du bonheur ». Elle l'essaya sur toutes les serrures qu'elle put découvrir, mais bien entendu la petite clé n'ouvrait rien du tout. Pourtant Marie-Lou ne se décourageait pas. Un jour, il se produirait quelque chose d'extraordinaire, et tout le monde en serait étonné.
Quelque temps plus tard, sa maman lui dit:
- J'ai appris que depuis quelques semaines une famille est arrivée dans la ville. Et ce qui est très triste, c'est que dans cette famille il y a un jeune infirme. J'ai l'intention d'y aller demain. Viendras-tu avec moi, ma chérie? Il te faudra être très, très gentille avec ce pauvre garçon.
- Certainement, maman, je ferai de mon mieux, répondit Marie-Lou.
Il était tristement assis près de la fenêtre. Et Marie-Lou avait beau tenter de le distraire par des histoires ou par des jeux, il ne riait pas, ou à peine. Toujours lui revenait ce regard triste d'enfant qui voit les autres taper en riant dans un ballon sans pouvoir se mêler à leurs jeux.
Enfin la petite fille eut une inspiration. Tirant de sa poche le ruban jaune auquel était accrochée la bizarre petite clé, elle le tendit an jeune garçon.
- Quelle drôle de clé, dit-il. À quoi sert-elle?
- On ne le sait pas encore. Moi je crois que c'est la clé du bonheur. Et elle commença à lui raconter toutes ses rêveries. Mais le garçon était trop fatigué pour faire travailler autant son imagination.
- Peut-être, dit-il, ouvre-t-elle quelque chose de réel. Essaie dans cette pièce, par exemple.
Marie-Lou, toute heureuse de distraire un peu son petit compagnon commença par les tiroirs de la commode, la serrure du piano, elle essaya même de remonter une vieille horloge. Mais la clé n'entrait nulle part.
- Elle ne sert vraiment à rien, dit-il désappointé, à rien du tout. Comme c'est dommage!
Marie-Lou était aussi terriblement déçue. Elle aurait tant voulu faire plaisir à ce petit infirme!
Et voilà qu'elle aperçut sur une étagère, recouverte à demi par des papiers, une sorte de boîte.
- Qu'est-ce que c'est? demanda Marie-Lou.
- Quoi donc?
- Là, cette boîte...
- Je suppose que c'est une boîte à musique, dit le garçon.
Mais je n'en sais pas plus. Une dame nous l'a envoyée quand elle a su que j'étais infirme. Mais elle ne marche pas.
- Pourquoi ne marche-t-elle pas? demanda Marie-Lou ardemment.
- Parce que nous ne savons pas comment la faire jouer. Et maintenant la dame est partie et nous ne savons à qui nous adresser. Il doit manquer quelque chose.
- Elle devrait jouer, dit Marie-Lou en tournant et retournant la boîte entre ses doigts. Ce serait si joli d'entendre de la musique.
Soudain elle aperçut un petit trou sur le côté de la boîte. Elle regarda plus attentivement.
- Donne-moi la clé du bonheur! s'écria-t-elle.
Le garçon la lui tendit d'un air surpris, et immédiatement elle essaya de l'introduire dans la petite ouverture carrée.
- Elle entre!
Le jeune infirme, très intéressé, se redressait maintenant sur sa chaise.
- Tourne-la! dit-il. Marie-Lou tourna. Elle était devenue toute rouge et pouvait entendre son coeur battre.
Et alors, ce fut la récompense. Le cylindre commença de tourner lentement, et un instant plus tard, une petite musique grêle, délicieuse, se fit entendre. La petite boîte à musique chantait!
Elle chanta et chanta. C'était d'abord comme de l'eau qui court joyeusement sur des cailloux; puis comme les clochettes d'un troupeau dans un pré. Puis une vraie mélodie s'éleva, joyeuse et gaie, plus ravissante à chaque note. Le garçon, les yeux brillants, battait la mesure sur le bras de son fauteuil.
- Je savais que c'était la clé du bonheur! s'écria Marie-Lou.
Je l'ai toujours su!
Possédez-vous, vous aussi, une clé du bonheur? Nous
pouvons en avoir toujours une avec nous. Pas nécessairement une vraie clé; mais
il faut savoir qu'un visage souriant peut ouvrir presque toutes les portes et
qu'un esprit généreux apportera le bonheur à plus d'un coeur angoissé.
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