Saint Guénolé, la légende de l’Ile de Sein
Saint Guénolé était en charge de l’Ile de Sein qui
s’appelait à l’époque Insula Seidhun. Il protégeait les habitants qui se
laissaient influencer encore trop facilement aux injonctions des beaux parleurs
envoyés par le diable.
Il faisait l’aller-retour entre l’abbaye de
Landevennec et l’île, et s’arrêtait souvent au Bec du Raz pour y contempler sa
cité posée sur l’eau. Il envisageait de construire un pont entre le Bec et l’île
afin de permettre des voyages plus confortables et moins dangereux par mauvais
temps entre Seidhun et le continent. Il l’avait promis au capitaine de l’île.
* * *
Il en était là dans ses réflexions quand un beau
jeune homme s’approcha de lui. Mais à ses pieds fourchus et à sa langue
mielleuse, Saint Guénolé reconnu le diable en personne.
— Que me veux-tu, Polig ? (Petit Paul, surnom du
diable)
— Je veux aller sur l’île qui est au loin là-bas.
— Par ma crosse, tu ne passeras pas.
Légende Bretonne - Saint Guénolé et le diable -
Récit et légende— J’ai ouï dire que tu envisages de construire un pont, et tu
ne pourras pas m’empêcher de l’emprunter lorsqu’il sera construit.
— Alors je ne construirai pas de pont.
— Dans ce cas- là, tu seras parjure car tu as donné
ta parole. Tu perdras ta sainteté et tu deviendras vite mon disciple car le
mensonge aura raison de toi.
* * *
Saint Guénolé se sentit acculé devant l’obligation
qu’il était de construire un pont qui permettrait la venue du diable sur l’île,
entraînant la perte des âmes qui la peuplait ; et l’impossibilité de ne pas
tenir son engagement vis à vis des Iliens, devenant ainsi un menteur, et donc
un pêcheur aux yeux du diable.
Mais Dieu veillait. Il entendit ses prières et eu
pitié de son pasteur. Il lui offrit la possibilité de faire un merveilleux
miracle. Saint Guénolé, grâce à la protection divine, jeta un pont de glace
entre le Bec du Raz et Seidhun, puis il attendit le diable qui ne tarda pas à
arriver.
Récit pour les enfants - la cheminée du DiableLe diable,
trop heureux d’avoir triomphé, et déjà alléché par toutes les âmes qu’il allait
pouvoir corrompre, se précipita sur le pont. Dès les deux premiers pas, ses
sabots brûlants fondirent la glace et le diable fut précipité en bas de la
falaise qui s’ouvrit devant lui, dans un lieu qui porte encore aujourd’hui le
nom de Cheminée du diable.
Il jura qu’on ne l’y reprendrait plus et qu’il
prendrait le bateau pour venir sur l’île. Mais les bateaux étaient en bois et
ses sabots brûlaient les navires avant que ceux-ci ne puissent arriver au port.
De plus, toujours possédé par la grâce divine, Saint Guénolé augmenta la force
des courants pour rendre la traversée encore plus longue et permettre à la
chaleur des sabots de transpercer tous les souliers ou autres godillots que
pourrait mettre le diable pour protéger les ponts des navires de ses sabots de
feu afin de s’en aller pervertir l’île.
* * *
Si vous allez du côté de la Pointe du Raz de nos
jours, pensez à cette légende en contemplant la Cheminée du Diable et l’Enfer
de Plogoff.
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