Ne doutez jamais qu’un petit groupe de gens prévenants et dévoués puisse changer le monde.
À coup sûr, c’est la seule chose qui
ait jamais réussi à le changer.
(Margaret
Mead)
S’il faut
un village pour élever un enfant, alors, le 17 janvier 1994, il fallut un
village pour sauver un enfant. Barbara Schmitt sirotait son
café et regardait la neige s’accumuler de l’autre côté de la fenêtre. La ville
de Louisville, au Kentucky, était paralysée par près d’un mètre de neige, mais
ses deux petites-filles qu’elle aidait à élever ne s’en faisaient pas. Elles
passeraient la journée bien au chaud à l’intérieur à jouer et à regarder la
tempête. Ashley, six ans, bavardait sur un ton animé. Sa petite sœur de trois
ans, Michelle, était morose. Michelle faisait partie des centaines d’enfants
américains en attente d’un nouveau foie. L’attente et la prière
faisaient partie de la routine quotidienne de Barbara, mais aujourd’hui la
prière était plus pressante. Michelle montrait des signes de danger qui
indiquaient qu’une transplantation était urgente, mais le téléphone demeurait
aussi silencieux que la neige qui tombait dehors. Soudain, à
neuf heures du matin, le téléphone a sonné. Avec la nouvelle que Barbara
attendait. Un hôpital avait trouvé un donneur compatible et on était certain
qu’il conviendrait à Michelle. Elle devait se présenter dans les 12 heures.
Au début, Barbara ne savait que faire – se réjouir ou désespérer.
Le plus grand cadeau que Michelle ne recevrait jamais l’attendait, mais elles
étaient retenues par la neige à 1000 kilomètres de là. «Les routes sont
enneigées», dit Barbara à la coordonnatrice médicale de l’autre bout de la
ligne. «L’aéroport est à plus de 25 kilomètres et les camions dérapent et font
des tête-à-queue. Il est certain que nous ne pourrons nous y rendre.» «Ne
lâchez pas», dit la dame. «Vous avez 12 heures pour vous rendre à Omaha.
Agissez dès maintenant!» Heureusement, le téléphone fonctionnait
toujours. Barbara s’est donc mise à l’œuvre. Elle a d’abord appelé quelqu’un
qui dirigeait Hair Angels,
un fonds destiné aux enfants qui ont des besoins particuliers. Sharon avait
déjà réservé un Lear Jet et deux pilotes pour amener les Schmitt à Omaha au
moment de la transplantation. Le gros problème demeurait de se rendre de la
maison des Schmitt à l’aéroport, mais Sharon était aussi déterminée que Barbara
à réussir. «Fais tes bagages. Je ne sais pas comment, mais je sais que tu seras
à Omaha.» La prochaine étape pour Sharon a été d’appeler la
station de radio locale. WHAS diffusait sans interruption des messages invitant
ses auditeurs à soumettre leurs idées et leurs suggestions. Teresa Amshoff a
entendu l’appel et a suggéré que le stationnement de l’église, à moins de deux
kilomètres de la maison des Schmitt, ferait un héliport idéal. Pendant que le
temps précieux s’écoulait, les Amshoff sont allés de porte en porte pour
demander de l’aide pour déneiger le stationnement. Les voisins, déjà épuisés
d’avoir pelleté leur propre terrain, se sont présentés sans hésitation. En
moins d’une demi-heure, 50 bénévoles travaillaient courageusement dans les
rafales de vent pour enlever la neige.
Quelqu’un a appelé un service de transport
par hélicoptère, et le directeur a offert d’envoyer un hélicoptère pour amener
Michelle à l’aéroport. On a pu confirmer que le stationnement de l’église
pourrait servir d’héliport et Kim s’est empressé d’organiser le transport de
l’équipe médicale vers l’église. Entre-temps, Barbara a appelé le pilote du
Lear Jet pour s’assurer qu’il serait à l’aéroport. Comme tout le monde, lui et
son co-pilote étaient enneigés mais il a promis qu’ils seraient là. Un policier
et un voisin ont pu les conduire à l’aéroport à temps.
Enfin,
à la tombée de la nuit, WHAS a envoyé un véhicule à quatre roues motrices pour
transporter Michelle et sa famille à l’église. Lorsqu’elles sont arrivées dans
le stationnement méticuleusement nettoyé de l’église, il y avait 150 personnes
appuyées sur leurs pelles, entourées de montagnes de neige. Alors que des
camions de pompier utilisaient leurs gyrophares pour guider l’hélico, la foule
a augmenté à 300 personnes qui applaudissaient et faisaient des signes au
moment où la famille Schmitt s’envolait dans la nuit enneigée.
La
transplantation de Michelle a réussi. Ce n’était pas seulement la réussite
d’une équipe médicale habile, d’un enfant qui se battait pour vivre et d’une
famille qui n’avait pas baissé les bras, c’était la réussite de tout un village
qui avait trouvé mieux à faire un 17 janvier que de rester bien au chaud à
l’intérieur à regarder la neige tomber.
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