Vie
Élodie Paradis est née le 12 mai 1840
dans le village de l’Acadie (Québec). Elle était la troisième d’une famille de
six enfants. Camille Lefebvre, un ami de la famille, qui se joindra bientôt à
la congrégation de Sainte-Croix, récemment arrivée au Canada, lui apprend l’existence
d’une communauté de religieuses au service des établissements des Pères et des
Frères. Elle entre au noviciat des Marianites de Sainte-Croix à l’âge de 14 ans
et prend le nom de soeur Marie-de-Sainte-Léonie. Elle enseigne à Varennes, à
Saint-Laurent et à Saint-Martin de Laval avant d’être envoyée à New York en
1862, où les soeurs viennent d’accepter la responsabilité d’un orphelinat.
En 1870, on confie à soeur Marie-Léonie l’enseignement du français et
des travaux d’aiguille au noviciat de l’Indiana, aux États-Unis. Après un bref
séjour à Lake Linden, au Michigan, elle est appelée, en 1874, à diriger une
équipe de novices et de postulantes au collège de Memramcook, au
Nouveau-Brunswick, dirigé par son compatriote, le père Camille Lefebvre. Elle se
sent de plus en plus attirée par le service domestique dans les collèges dont
le nombre ne cesse de croître dans les diocèses du Canada et de la
Nouvelle-Angleterre.
Pour répondre aux besoins des jeunes Acadiennes de langue française qui
se destinent à la vie religieuse, elle fonde un ouvroir pour les accueillir. Le
26 août 1877, elles sont quatorze à endosser un habit particulier. Le 31 mai
1880, la nouvelle communauté, placée sous le modèle de la Sainte Famille de
Jésus, Marie et Joseph, est reconnue par les Pères de Sainte-Croix. Pendant
vingt ans, Mère Marie-Léonie demandera en vain à Mgr John Sweeney, évêque de
Saint-Jean, N.·B., d’approuver son lnstitut. En 1895, l’évêque de Sherbrooke,
Mgr Paul LaRocque, accueille la maison-mère et le noviciat des Petites Soeurs
de la Sainte-Famille qui viennent d’accepter le service du séminaire de la
ville. II approuve l’lnstitut le 26 janvier 1896.
Mère Marie-Léonie
poursuit alors son oeuvre d’éducation et de promotion humaine et spirituelle
des jeunes filles illettrées et pauvres attirées par la nouvelle communauté.
Elle sait l’importance de l’oeuvre sociale qu’elle poursuit au service des
collèges diocésains aux prises avec d’énormes difficultés de personnel. Elle
multiplie les voyages pour répondre aux nouvelles demandes, mais surtout pour
assurer la formation de ses soeurs et régler les problèmes concrets
d’organisation des maisons. Dans sa correspondance, les conseils pratiques pour
la cuisson des aliments, la confection du menu, le jardinage et l’entretien, voisinent
avec les avis spirituels et les ordonnances de santé. À sa mort, le 3 mai 1912,
l’Institut avait à son actif 38 fondations au Canada et aux États-Unis. Mère
Marie-Léonie a été béatifiée à Montréal le 11 septembre 1984 par le pape
Jean-Paul II, dans le cadre de sa visite au Canada.
Spiritualité
Dès le début de sa vie religieuse, la jeune soeur Marie-Léonie est
attirée par l’idée de collaborer avec les prêtres dans l’oeuvre d’éducation des
jeunes en leur procurant un appui matériel et moral. Elle avait l’intuition du
« sacerdoce commun des fidèles » qui devait être mis en lumière par
le concile Vatican II. À l’exemple de Marie et des femmes qui ont suivi Jésus
durant sa vie, elle a voulu servir le Christ, être disciple et témoin, en
collaborant au ministère des prêtres et en contribuant à améliorer la qualité
de vie des jeunes qui fréquentaient les collèges: « Les prêtres ont
besoin, il me semble, d’auxiliaires dans leur tâche d’apostolat et personne ne
parait le soupçonner … Cette pensée me hante sans relâche et me bouleverse
étrangement. »
En assurant la formation des jeunes filles désireuses de collaborer à
son oeuvre, la fondatrice assure du même coup leur promotion. Pour la plupart
de ces femmes d’origine modeste, c’est le seul espoir d’accéder à la vie
religieuse, à un service significatif et à une formation supérieure à celle que
pouvait leur donner leur famille. Comme elle l’écrit en 1899, au curé de
Suncook, New-Hampshire, « la communauté des Petites Soeurs de la
Sainte-Famille a été fondée pour donner aux jeunes filles pauvres et sans
instruction l’avantage de la vie religieuse ».
L’esprit de foi de Mère Marie-Léonie lui fait voir et servir le Christ
dans la personne du prêtre. Intelligente, douée de jugement et de sens
pratique, elle n’ignore pas que le prêtre a ses défauts. Aussi disait-elle à
ses soeurs d’éviter de parler d’eux, « de crainte de ne pouvoir en dire
que du bien ». Ce qui importe pour elle, c’est la dimension spirituelle du
sacerdoce: « Redoublez de courage et de générosité au service de Dieu dans
la personne de ses ministres et dans leurs oeuvres! » – « Pensez à la
faveur que Dieu daigne vous accorder en vous faisant coopérer à la belle Oeuvre
d’éducation … »
Mgr Paul LaRocque dira qu’elle a passé toute sa vie à se donner:
« Elle avait toujours les bras ouverts et le coeur sur la main, un bon et
franc rire sur les lèvres, accueillant tout le monde comme si c’eût été Dieu
lui-même. Elle était toute de coeur. » Sa générosité ne se limitait pas à
sa famille religieuse. Quelle que soit la pauvreté de son oeuvre, elle n’hésite
pas à se pencher sur tous les besoins: elle secourt les malades qui frappent à
sa porte, une famille pauvre rencontrée en voyage; elle héberge plusieurs
religieuses chassées de France. Son esprit missionnaire lui fait adopter une
jeune Kabyle dont le fils sera le premier prêtre de son ethnie.
« Notre
mission dans l’Église est d’aider le prêtre sur le plan temporel et spirituel,
mais ce qu’il nous demande comme un suprême témoignage, c’est de nous aimer
entre nous et d’aimer tous les hommes, non d’un amour quelconque, mais de tout
l’amour que Dieu leur porte. II faut donc nous redire sans nous lasser que
notre oeuvre principale c’est la charité.
CITATION : «
Travaillons, mes filles, nous nous reposerons au ciel! »
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