Chaque fleur chaque arbre que l’on tue. Revient nous tuer à
son tour. Notre jardin c’est la Terre.
Ce jardin, nous en prenons de plus en plus conscience, est menacé. Pourtant,
nous sommes aussi de ce jardin. Avec les avancées de l’astronomie et de l’étude
des origines de l’univers autant que celles des sciences de l’environnement,
nous découvrons que tout est intimement lié. Il n’y a pas la nature, et puis
nous, à part, dans notre bulle. Nous sommes aussi de la nature, en faisons
partie au même titre que tous les êtres vivants. Le sort de chacun est
intimement lié à celui des autres, et c’est cette prise de conscience qui
émerge de nouveau actuellement. Une prise de conscience salutaire... Aussi, je
crois que l’Église se doit de considérer de plus en plus la question écologique.
Trop souvent, en Église, les considérations spirituelles ont été le prétexte
pour éluder notre relation à la Création, pour fuir la réalité et notre condition
terrestre. J’ai déjà entendu un chrétien dire : `` Pourquoi s’occuper de
l’écologie, puisque ce qui est important, c’est notre salut spirituel. `` À mon
avis, il s’agit là d’une profonde ignorance de la mission chrétienne qui ne
consiste pas à s’éloigner des préoccupations terrestres, mais bien d’en tenir
compte et de s’en sentir responsables puisque Dieu a bien voulu nous créer avec
de la matière et nous faire cadeau de la Création! Teilhard de Chardin
n’écrivait-il pas : `` Je vous salue, matière `` pour rendre compte de la
dimension sacrée de la Création? Nous sommes créés à l’image de Dieu, et toute
sa création est bonne, sainte et bénie. Comme chrétiens et chrétiennes, nous
devons plus que jamais nous préoccuper du sort de la planète, don de Dieu à
l’humanité, et dont il nous a fait les intendants ou les protecteurs. Nous
faillons à notre mission si nous séparons l’esprit de la matière, l’âme du
corps, la spiritualité de la nature. La Bible et le judaïsme ne font pas ces
distinctions qui sont nourries par notre héritage philosophique grec.
Nos traditions
chrétiennes ont perdu avec le temps, qui plus est avec l’arrivée de Descartes
et le développement du rationalisme occidental qui a éjecté l’homme de la nature,
cette relation tout à fait saine à la Création. D’ailleurs, les orthodoxes,
tout comme saint Thomas d’Aquin, ne disent-ils pas que la Nature est le premier
livre de la révélation de Dieu, même avant la Bible! En ce sens, nous devrions
redécouvrir les enseignements des saints comme saint François (auteur du
Cantique des Créatures), saint Kevin d’Irlande (grand amant de la Nature),
sainte Hildegarde de Bingen et Maître Eckhart (un dominicain). Rappelons aussi,
ici au Québec, le travail du frère Marie Victorin, fondateur du Jardin
botanique de Montréal. De même, avec ce souci écologique et de protection de l’environnement,
nous pourrions revisiter avec fruit des textes bibliques comme la Création (``
Dieu vit que cela était bon `` : il a créé l’homme et l’animal le même jour), l’arche
de Noé, le cantique de Daniel, Joseph en Égypte qui annonce des années de
vaches maigres, plusieurs psaumes de louange à la Création et plusieurs
paraboles de Jésus qui s’inspirent de la Nature, le texte `` Alors j’ai vu un
ciel nouveau et une terre nouvelle `` (Ap 21, 1 : on n’y parle pas que du ciel,
mais bien aussi de la Terre), le texte de l’Ascension dans Marc (16, 15), qui
dit : `` Proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création `` (et non seulement à
toutes les nations!), etc. Ne tuons pas la beauté du monde
La dernière chance de la terre C’est maintenant qu’elle se
joue.
Je crois qu’il est très important, comme chrétiens et chrétiennes,
d’envisager ces questions essentielles, voire cruciales, et de se laisser ``convertir
de nouveau `` par ce rapport oublié avec la Nature qui est au cœur de notre foi
aussi. L’Église catholique a quelque chose à apprendre en questionnant cet
éloignement qui s’est créé au fil des siècles, nourri par la dominance de la
pensée occidentale rationnelle et technologique actuelle. Pour ma part, je donne
de moins en moins mon aval aux Églises qui ne sont pas capables de considérer
cet enjeu primordial de la protection de la planète. Il en va du sort de
l’humanité! C’est trop important pour moi, et aussi pour ma génération de
croyants et croyantes! Nous ne pouvons fuir notre Terre, et laisser les futures
générations en plan : nous n’avons qu’une planète et c’est le cadeau que Dieu
nous a fait pour vivre heureux et en santé et qu’il compte faire aussi aux
autres générations à venir par nos bons soins.
Prendre soin de la Terre, c’est prendre soin de nous et considérer
le trésor de vie que nous sommes, ce cadeau inestimable que Dieu nous a fait,
qu’il continue de faire et qu’il fera encore. Nier ce rapport à la Nature,
c’est nier ce don gratuit et merveilleux de Dieu. Le détruire, c’est faire affront
à sa bonté et à sa générosité... C’est faire affront à ce que nous sommes –
êtres vivants de la nature et de nature divine – et à l’avenir de l’humanité.
En conclusion, je cite cet extrait d’un article du journal Web
Sentiersdefoi.info (vol. 5 no 11) qui traite du projet Église verte auquel des
communautés chrétiennes adhèrent de plus en plus : `` Selon les auteurs du
livre Pour une écologie chrétienne, (Jean et Hélène Bastaire, Cerf, 2004), il
importe que les Églises s’inscrivent dans le courant écologique afin d’y
apporter un éclairage différent. "Dans l’écologie chrétienne, souligne M.
Lévesque (le responsable du projet), l’accent est mis sur la
transmission de ces valeurs aux générations à venir. Cette vision mène à
l’espérance. Devant les enjeux énormes, il est facile de désespérer. Notre
projet veut apporter une Bonne Nouvelle, non pas être alarmiste : l’environnement
n’est pas que problèmes! Il ne s’agit pas de nier les enjeux, mais de changer
notre relation à la nature, d’en redécouvrir l’importance et ainsi de développer
tout le respect qu’on lui doit." `` Car Dieu s’y laisse aussi découvrir,
comme lors du lever du soleil... Ne tuons pas la beauté du monde Faisons de la
terre un grand jardin. Pour ceux qui viendront après nous
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