samedi 25 juillet 2020
Le trésor
Le meunier était
malheureux et lui-même n’aurait su dire pourquoi. Jamais personne ne l’avait vu
sourire, ou entendu rire, puisque rien ne lui procurait de joie.
Un matin, il se
réveilla après avoir fait le même songe. Il prit une pelle avec une besace
contenant un peu de nourriture et ferma le moulin. L’homme marcha pendant trois
jours et tandis qu’il cheminait, il s’imaginait tout ce qu’il pourrait faire
grâce à ce trésor ; oh ! Comme il serait heureux !
À l’aube du troisième jour, il arriva devant la grande ville. Il trouva
facilement le palais du roi et là, sous le pont qui y menait, à l’aide de sa
pelle, se mit à creuser.
Le meunier fouillait la terre depuis une bonne heure, lorsque les gardes du
palais le surprirent en pleine besogne. Ils s’emparèrent de lui et l’amenèrent
devant leur capitaine.
— Nous avons trouvé cet homme en train de creuser devant le palais, lui
dirent-ils, c’est un espion, sans aucun doute !
— Ah non, protesta le meunier, je ne suis pas un espion. Je cherchais un trésor
caché sous le pont.
— Et pourquoi pensais-tu y découvrir un trésor ? lui demanda le capitaine
soupçonneux.
— Eh bien, répliqua le meunier un peu gêné, j’ai fait plusieurs fois un rêve et
dans ce rêve, je déterrais un trésor enfoui sous ce pont.
Le capitaine partit d’un grand éclat de rire :
— Comment peux-tu être aussi bête pour suivre tes rêves ? Si j’écoutais les
miens, je marcherais vers le nord pendant trois jours en suivant la rivière et
je trouverais un moulin. Il faudrait que je creuse au cœur de ce moulin pour
trouver un trésor qui ferait de moi un homme immensément riche. Mais je ne suis
pas fou !
Et il ordonna à ses gardes d’escorter l’homme aux portes de la ville et lui en
interdit désormais l’accès.
Le meunier, songeur, se hâta de retourner chez lui.
Là, il creusa au beau milieu de son moulin et déterra un petit coffre vermoulu.
Il contenait seulement un vieux parchemin. En le déroulant, le meunier put y
lire inscrit en lettres d’or : « Ce qu’il y a de plus précieux au monde est à
l’intérieur de toi. »
Le meunier se mit à rire en comprenant le message.
Il était allé bien loin chercher le trésor qu’il portait en lui depuis
toujours.
Ce trésor était son cœur et tout le bonheur du monde y était contenu.
Johanna Marin Coles ; Lydia Marin Ross
L’Alphabet de
la Sagesse
Paris, Albin Michel Jeunesse, 1999
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