En ce temps-là vivait dans un village de Provence
une famille de pauvres cultivateurs; elle se composait du père, de la mère et
de deux enfants : Daniel et Pierrette.
C’était le 6 janvier, la fête des Rois, avec sa
galette et cette royauté d’un jour, si enviée par des enfants. Mais dans la
maison des pauvres gens, on n’y avait pas songé.
<< Ça
m’est égal, dit le père, une fête des
Rois sans galette c’est bien triste. Tiens petit, dit-il à son fils, va –t’en
chez le père François et achète-lui une galette; voilà dix sous. >>
C’était sa dernière pièce. Daniel ne fit qu’un bond jusque chez le boulanger.
<<Monsieur François, je viens chercher une galette des Rois. >>
<<Bien, mon ami, choisis toi-même. >> Bien embarrassé, Daniel en
indiqua une qui, bien simple, lui sembla plus belle que tous les autres.
<<Je prends celle-là. >> << Je souhaite qu’elle soit
bonne>>, répondit le boulanger et il enveloppa la galette dans un papier
neuf.
L’enfant revint tout joyeux. Le père en oublia un
instant qu’il ne restait plus un sou dans la maison. L’heure du repas arriva,
et enfin le moment si attendu. Le silence se fit et le père, grave et solennel,
plongea le couteau dans la galette des Rois. Il en fit quatre parts et les
distribua.
<<Voyons maintenant, à qui la fève? >>
<<Ce n’est pas moi>>, dit la mère. <<Moi, non plus>>,
ajouta Daniel tristement, <<la voilà, s’écria Pierrette en tirant de sa
bouche un objet dur qui avait failli la blesser. Elle montrait entre ses doigts,
non pas une fève vulgaire, mais une pièce d’or : un napoléon de 20 francs.
Tous étaient stupéfaits.
<<C’est la Providence qui nous
l’envoie>>, dit la pauvre femme. Mais le père devint songeur et, fixant
cette pièce qui représentait une fortune, il dit :<<Cet argent ne
nous appartient pas. À coup sûr, elle sera tombée par erreur dans la pâte. >>
<<Tu as raison>>, reprit la mère et prenant la pièce d’or, elle la
remit à Daniel :<<Tiens, rapporte-là au père François, tu lui
expliqueras ce qui est arrivé.>>
<<Bonjour Père François>>, dit Daniel en
entrant dans la boulangerie. Il lui tendit la pièce :<<Je vous
rapporte…>> <<Et que me rapports-tu? >>, questionna le
boulanger en prenant le napoléon dans sa main. <<C’est papa qui
m’envoie>> Et le petit bonhomme allait lui expliquer l’affaire…
<<Oui, oui, je sais>>, interrompit le boulanger. Et des larmes
d’attendrissement mouillèrent ses yeux, <<Rapporte cela à la maison et
dis-lui que je ne me suis pas trompé. Cet argent est bien à vous. Tous les ans,
je jette dans la pâte une pièce, c’est mon aumône des Rois, et je charge le bon
Dieu de la faire tomber entres bonnes mains. Cette année, il a vraiment bien
fait les choses!>>
Auteur inconnu
Le messager de saint Antoine Décembre 2021
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