Elle
tourne, elle tourne ma planète, bercée par le silence impressionnant de
l'Univers.
Elle surveille sans en
avoir l'air la petite lune grise qui dessine joliment des petits croissants. Et
si elle s'arrêtait de tourner ? Un jour où elle aurait envie de se reposer un
peu... histoire de discuter tranquillement avec petite lune aujourd'hui toute
ronde et brillante ? Mais la lune, effrayée par cette idée surprenante, n'était
pas d'accord !
« Si tu t’arrêtes de
tourner, plus rien ne sera pareil ! »
-
Je veux seulement faire une pause et observer les alentours !
Tu
sais, petite lune, je tourne ainsi depuis très très très longtemps, se lamente
la Terre, impatiente.
-
Avant de faire ce que tu pourrais regretter, tu dois consulter notre chef
magicien, supplia la petite lune, plus brillante que jamais !
Mais
le voilà justement qui arrive. C’est Solaris, le chef magicien, celui qui
dirige de son bras puissant le grand ballet des planètes.
«
Qu’est-ce que j’entends petite planète bleue ? Tu veux t’arrêter de tourner ??
»
La
voix grave du chef magicien résonnait comme un écho qui n’en finissait pas…
«
Je fais danser mes planètes autour du Soleil depuis des millions d’années,
expliqua-t-il en détachant chaque mot. Les petites planètes Mercure, Vénus et Mars, tes voisines,
participent aussi à la chorégraphie
Vous
avez toutes accepté les règles du jeu depuis le début. Et toi, d’un seul coup,
d’un seul, tu voudrais tout remettre en question ? «
Voilà que le chef
magicien s’énervait et gesticulait entre la Terre et la lune…
«
Si tu t’arrêtes maintenant le ballet sera compromis ! Les grandes planètes vont
être désorganisées… surtout Saturne avec
ses immenses anneaux… je risque d’avoir de sérieux problèmes… » grogna-t-il en
se grattant la tête.
Il
s’avança plus près d’elle et lui demanda doucement : « Sais-tu en quoi tu es
différente des autres planètes de mon système solaire ? »
La
Terre, tournant sur elle-même, réfléchissait et examinait silencieusement
Solaris.
«
Tu es une planète fascinante qui abrite la vie ! » s’exclama le magicien en
écartant les bras vers le ciel étoilé.
Maintenant
voilà qu’il courait vers la lune et la contournait et revenait vers la Terre et
criait encore : « Si tu ne tournais plus il n’y aurait plus de jour, plus de
nuit, un de tes côtés serait toujours dans l’ombre et le froid, l’autre dans la
lumière et la chaleur ! Plus de saison ! Plus de fleurs ! Plus de vie ! Plus de
calendrier !... »
Il
s’arrêta soudain, suspendu dans l’espace : « pense à tous ces enfants qui
n’auraient plus d’anniversaire à fêter… ».
Alors
la Terre, se déplaçant lentement, gracieuse et lumineuse, se sentit soudain
terriblement importante. Elle transportait les mers, les montagnes, les
vallées, les forêts, les déserts… Elle possédait des milliers d’espèces
végétales et animales. Elle était indispensable à la survie de l’espèce
humaine. Les autres planètes n’avaient pas sa chance…
Elle
n’avait pas le droit de mettre fin à tout cela, le magicien avait raison…
Elle
appela la lune qui attendait, silencieuse et inquiète : « Hé, petit satellite !
Que dirais-tu de tourner encore ensemble quelques milliards d’années autour de
notre bon vieux soleil ? »
-
Ouf ! Merci petite planète bleue, dit Solaris, les planètes continueront de
danser parmi les étoiles… »
Puis il salua la Terre
et repartit comme il était arrivé, à pas feutrés, dans l’Univers infini et
mystérieux.
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