Aliboron, le petit âne
gris, n'aimait pas les vacances. C'est drôle ? Non.
Pendant les vacances,
les maîtres d'Aliboron partaient en voyage, ils emportaient le chat et son
panier, le chien et son collier, le perroquet et son perchoir, les malles et
les valises...mais...ils n'emmenaient pas Aliboron qui s'ennuyait tout seul
dans son pré. C'est pour cela qu'il n'aimait pas les vacances. Oh ! Le pré
d'Aliboron n'était pas triste, au contraire. C'était un vaste clos planté de
pommiers où poussait une herbe fine et serrée, parsemée de trèfle et de
pâquerettes. Aliboron pouvait y courir, y brouter, y dormir tout à son aise.
Mais...défense de
sortir ! Il y avait autour du pré trois rangs de fil de fer hérissés de pointe
et qui s'y frotte s'y pique ! Les vacances d'Aliboron, après tout, se seraient
passées agréablement, si, un jour qu'il galopait autour de son pré comme un
cheval de cirque il n'avait perçu, dans le champ du voisin, un beau chardon.
-Hi-han ! Hi-han !
Halte-là ! ...cria le petit âne gris, tout joyeux, en s'arrêtant si brusquement
que son arrière train faillit passer par dessus sa tête. Comme tous les ânes
Aliboron adorait les chardons. Il resta immobile à regarder celui qui poussait
de l'autre côté de la clôture.
Ah ! S'il n'y avait
pas eu de fils de fer bardés de pointes ! Kirikiki ! Dit un petit oiseau gris,
qu'on appelle chardonneret parce qu'il mange les graines de chardon. Kirikiki !
Qu'est-ce que tu fais là sans bouger ?
- C'est le chardon...
dit Aliboron et son envie de manger le chardon était tel que la salive coulait
de ses lèvres jusque par terre.
Le petit oiseau
s'envola et se posa sur la fleur rose du chardon. Il se mit à la becqueter si
fort qu'il fit voler de tous côtés une multitude de petits parachutes. Poussées
par le vent, les graines s'engouffrèrent dans le nez d'Aliboron qui reniflait
d'envie.
Alors, Aliboron fourra
sa tête entre les deux fils de fer barbelés, puis ses pattes de devant, puis
son corps et les deux autres pattes, la queue enfin et passa.
Il passa, mais dans
quel état, tout égratigné. Il laissait à chaque ronce de la clôture une touffe
de ses jolis poils gris.
Le petit oiseau
surpris, s'envola et le chardon, en se redressant, gifla le nez d'Aliboron qui
en ferma les yeux.
Lorsqu'il les rouvrit,
il resta tout ébloui... Ce n'était pas un chardon qu'il y avait, dans le champ
du voisin, mais dix,
vingt, cent chardons !
Le petit âne gris se mit à gambader de joie, à courir et il en oubliait de
manger.
Lorsqu'il eut bien
gambadé et couru il s'arrêta, regarda cet océan de chardons, et se dit : «
voyons, lequel vais-je goûter pour commencer ? » celui-ci ? Il n'est pas assez
fleuri... celui là ? Il l'est trop !
Atchoum ! Atchoum ! Ce
troisième est rabougri, ce quatrième est tout à fait à point, mais je vais le
garder pour la fin. Autour du cinquième, il y avait une limace rouge. Aliboron
ne pouvait se décider, tant et si bien qu'il arriva à la lisière du champ sans
avoir rien mangé.
- « Tiens, un bois ! »
dit Aliboron ! De l'autre côté de ce bois il doit y avoir un champ et, dans ce
champ d'autres chardons. Je vais y aller voir ! J'ai toute la journée pour
déjeuner !
Aliboron traversa le
bois, déboucha sur un petit chemin, tourna la tête à droite, à gauche et se
décida pour la droite. Il arriva en vue d'une ferme au toit rouge, il tourna
encore à droite pour ne pas attirer l'attention des enfants qui jouaient devant
la maison. Il s'engagea dans un champ de betteraves, mais n'en mangea pas car
il ne voulait manger que des chardons. Il y en avait sûrement un peu plus loin.
Mais c'est un épouvantail qu'il rencontra et comme il eu peur il partit au
galop le long d'un champ de seigle. Enfin il se trouva devant un pré entouré de
trois rangs de fil de fer barbelé. Le petit âne gris s'arrêta absolument ravi.
-Quel joli clos ! »
Aliboron resta planté sur ses pattes, muet d'admiration et d'envie. Il avait
soif et dans ce clos poussait une herbe tendre. Il avait chaud et sous les
pommiers s'étendait une ombre fraîche. Et quel parfum se dégageait de ce clos
enchanteur ! Le petit oiseau gris était là, perché sur un pieu.
« Kirikiki ! Qu'est-ce
que tu fais ici sans bouger ?
C'est ce joli clos !
répond Aliboron. Mais, grand sot, c'est le tien » !
Alors il passa ses
oreilles entre deux fils de fer, puis ses pattes de devant, son corps, les deux
autres pattes et puis la queue. Il passa mais dans quel état !
Aliboron était revenu
dans son clos, et il occupât le reste des vacances à se rouler dans l'herbe
fraîche à l'ombre des pommiers.
Petit Âne poème
Petit âne au regard de
feu
Emmène-moi dans tes
jeux
Dans tes ruées dans
tes gambades
Dans tes trots et dans
tes balades
Je te confierai mes
paniers
Je te confierai mes
secrets
Je te confierai mes
regrets
Petit âne au regard de
feu
Emmène-moi dans tes
jeux
Petit âne au regard de
soie
Emmène-moi dans ta
joie
Nous partirons à mille
lieues
Dans la douceur d'un
matin bleu
Tu porteras mes
paniers
Tu porteras mes
secrets
Tu porteras mes
regrets
Petit âne au regard de
soie
Emmène-moi dans ta
joie
Petit âne au regard de
fleur
Emmène-moi dans ton
coeur
J'y cueillerai mille
couleurs
J'y cueillerai mille
senteurs
Tu enchanteras mes
paniers
Tu enchanteras mes
secrets
Tu enchanteras mes
regrets
Petit âne au regard de
fleur
Emmène-moi dans ton cœur
Christiane Richard
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